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Pamphlet févier 2022:

Bientôt 40 ans dont 18 de Cinéma

Bientôt 40 ans et il paraît que je suis presque, un vieux con !!

J’ai commencé à travailler dans le milieu du Cinéma en 2004, bientôt 18 ans,

je pense donc pouvoir dire que je ne suis plus un rookie dans ce domaine.

J’ai accumulé de l’expérience, de l’apprentissage (qui ne s’arrête pas d’ailleurs,

à chaque projet, j’apprends encore et encore) ainsi que des connaissances plutôt variées.

Après avoir fait mon premier stage à l’électricité pendant quelques semaines

avec Marianne Lamour, j’ai eu l’immense chance (grâce à ma belle-sœur Caroline)

de faire mon deuxième stage sur un long-métrage au côté du grand réalisateur Philippe Lioret.

« Je vais bien ne t’en fais pas » le film qui a fait découvrir au grand public l’actrice Mélanie Laurent. Philippe m’a pris sous son aile et m’a enseigné le Cinéma.

J’étais au combo (le retour vidéo dans l’équipe caméra avec la talentueuse Irina Lubtchansky) sur un film tourné à l’époque en pellicule 35mm.

Une fois mon combo installé à la face, j’ai pu observer de grands chefs de poste faire leurs métiers avec beaucoup de professionnalisme.

Christophe Rossignon, producteur du film (Nord-Ouest) avait œuvré pour

que le film ait l’ampleur qu’il mérite. Je me souviens notamment d’un fait marquant, nous avions tourné pendant quelques semaines dans un pavillon en banlieue parisienne, et la production avait acheté le pavillon, la déco avait cassé un ou deux murs du salon et rajouté une feuille de décor amovible qui nous permettait d’avoir de l’espace de travail, de champs, et que la dolly se faufile dans tous les recoins sans contraintes. La maison a été revendue à la fin du film et il me semble même qu’ils ont gagné de l’argent sur la revente…

18 ans après, je sais que j’ai appris sur ce film 70 % de mes connaissances sur

« comment faire un film ». Je continue d’apprendre de chaque tournage,

de chaque équipe, et de chaque situation. Mais la méthode employée par Philippe, Christophe et tous les chefs de poste, je ne l’ai quasiment jamais revu depuis...

La pellicule est partie (enfin, elle est toujours un peu là de temps en temps.) et le numérique est arrivé, puis l’extension des séries et le cinéma mondiale à encore et encore augmenté comme il ne cesse de faire.

Les méthodes elles, de mon point de regard, se sont beaucoup perdus et c’est pour moi, un savoir-faire qui se perd.

Pourquoi ne fait-ont plus de coupé-muet ? Le gain de temps dans nos journées est réel. Et même si cela date de l'époque de la pellicule, car une fois le moteur arrêté, la caméra était silencieuse... On peut de la même manière, décider d'arrêter la caméra numérique et donc son ventilateur d'un simple clic.

Pourquoi n’annonce-t-on plus les décalages de coupure déjeuner ?

La gestion de nos ventres sur des journées à rallonge est cruciale pour tenir sur la longueur. Une phrase dite à haute voix ne coûte pas cher, il me semble…

Pourquoi ne demande-t-on plus à tous les chefs de postes s’ils sont d’accord pour faire des heures supplémentaires non prévus, avant de les faire ?

J’annonce 1H sup. dis le 1er m.e.s. sans même croiser le regard de personne, comme si nous devions nous plier à ce choix, qui concerne tout le monde.

Pourquoi nous ne répétons quasiment plus et faisons des « répé-tourne » ? Tourner sans répétition ou presque, ne fait que dégrader le rendu final des plans, nous fait perdre du temps, et nous fait faire de grosses erreurs.

Pourquoi les pots d’équipe au cul des hayons ne se font plus ? Sous couvert de covid, de l’interdiction des bières de fin de journée, etc... Les pots d’équipe étaient et sont, des moments cruciales et tellement important pour la cohésion d’équipe, se rencontrer, apprendre à se connaître permet de créer Tous ensemble de manière bien plus poussé et le rendu du film le ressent.

Pourquoi fait ont la lumière avant de poser un cadre ? Définir un cadre, permet à chaque département de pouvoir travailler convenablement. Vouloir tous faire dans le désordre n’aide en rien a avancer plus vite, au contraire.

Pourquoi ont fini par un plan large ? De plus en plus, je vois des équipes qui souhaitent finir par des plans larges, car « c’est pour le jeu des acteurs, et puis au montage c’est juste un petit bout, à la fin »…. Peu importe le pourquoi, dans les faits, les plans larges sont des étalons, pour tout ce qui est visuel : lumière, cadre, déco, make up, costume. Mais aussi pour la gestion du plateau : la régie.

Pourquoi t’en de frénésies et de quête de rapidité dans les mises en place ?

Courir, courir, courir… Respirons et pensons avant de vouloir livrer toujours plus et plus de plans. Comme le mieux, le plus est aussi l’ennemi du bien.

Pourquoi les Pdts changent aussi vite que la météo ? Certes, le Covid nous fout le bazar dans l’organisation des tournages, et parfois, les contraintes de décors, de dispos des uns et des autres nous poussent à modifier les choses, mais nous en arrivons à de tels changements ces derniers temps que les équipes doivent adapter leurs vies hors plateaux constamment pour pouvoir se plier aux horaires des pdts.

Pourquoi les journées continues sont-elles devenues banales ? Dans vos vies personnelles, vous arrivent-ils souvent de manger 6 h après votre réveil ? Peu importe que la table régie sois bien fournis, encore une fois, réguler son corps est crucial pour tenir sur la longueur d’un film. La majoration de 30 min est une bonne excuse pour le faire si souvent, et au final, manger tard entraîne bien souvent un ramollissement de l’ensemble de l’équipe pour la session qui suit…

Pourquoi les têtes pensantes font les film seul, à deux ou trois, et que tout le reste de l’équipe doit suivre comme des moutons ? Transmettre l’information au plus grand nombre permet l’implication et l’anticipation de chacun, à son niveau. Un film se fait en équipe, sans l’équipe rien ne peut se faire, du moins rien de sérieux et jolie.

Pourquoi autant d’affolement et la course à toujours plus de plans ?

Le calme permet une meilleure création dans la plupart des domaines créatifs. Sur-découper pour se couvrir ne sert à rien, réfléchissez donc avant de vouloir tourner dans tous les axes en criant « moteur » alors que la caméra n’est pas encore à l’épaule, que les points ne sont pas finis, que le perchman n’est pas en place, que la maquilleuse est encore dans le champ…

Pourquoi le vocabulaire n’est-il plus utilisé correctement ? Une mise en place n’est pas une répétition, ni une mécanique, ni italienne… Une mécanique peut se faire avec des doublures et permet à la technique de s’organiser pour ne pas perdre de temps, par la suite. Une mise en place est réservée à la mise en scène et aux chefs de postes seuls. Une italienne permet de gagner du temps et car le fait de ne pas avoir intention de jeux regroupe la mécanique ainsi que la répétition sommaire.

Pourquoi les tournages sont-ils devenus des colonies de vacances au détriment du professionnalisme ? S’amuser est une évidence et surtout une nécessité dans nos métiers et plateaux, mais, la dérive vers un bazar à la face et sur les extérieurs du plateau devienne trop fréquent, un plateau n’est pas une émission de Cyril Hanouna… Toute cette énergie euphorique nuit à la concentration de nombreux techniciens/nes, donc à la qualité de leur travail.

Pourquoi annoncer les « silence on va tourner » 2, 3 à 4 minutes avant de demander le moteur ? Le premier assistant mise en scène (qui comme me le disait judicieusement une électricienne, ne devrais pas s’appeler 1er assistant m.e.s., mais Chef de Plateau, ce qui correspond bien mieux a sont travail pendant la session de tournage d’un film) jète à toute voix cette dite phrase, qui va instantanément se répercuter et se distiller, du 2nd au 3eme, pour finir a la régie extérieur plateau… Pendant ces quelques minutes, beaucoup de techniciens/nes peuvent continuer à œuvrer, travailler, tout en respectant le niveau de décibel qu’ils/elles émettent pour ne pas perturber le plateau, mais continuer a avancer pour anticiper la suite ! Ce qui change le déroulement de la journée de manière globale. À force de crier au loup, au moment crucial les silences sont moins respecté.

Faire un film, c’est certes une histoire de budget …. Mais c’est aussi et beaucoup une histoire d’équipe avant tout.

De la précision et de la rigueur permet de créer avec bien plus de plus-value pour le film.

Chacun peut, à son échelle, nourrir le projet de son regard, de sa pensée, de son idée, de son énergie. Certes, la hiérarchie pyramidale est importante, moi-même, je la pratique en tant que chef de poste ; et c’est comme cela que nous travaillons, mais pourquoi fermer autant la porte à plein d’humains, qui connaissent leurs métiers, qui le font bien et peuvent apporter de la plus-value réelle au film tout simplement.

Que ce soit, pratique, organisationnel, artistique, monétaire, tout le monde peu avoir, à un instant T une idée qui va faire économiser du temps, de l’argent ou encore nourrir le film pour qu’il soit encore plus Beau, encore plus Incroyable et toucher plus Fort, plus Juste le public pour lequel nous travaillons Tous.

Où en est le respect des humains, des départements, dans tout cela ?

Le cinéma se fait avec rigueur et concentration, sinon cela devient de la télénovela ou de la captation et c’est un autre sujet…

Je pense que la plupart des humains qui travaillent sur les plateaux de tournage le font, car à la base, c’est une passion !

Respectons la passion de ces personnes qui œuvrent à chaque projet.

J’aime ce métier et ce milieu comme un bijou, comme une maîtresse, parfois avec un Amour inconditionnel et parfois avec Haine folle (l’alchimie des deux polarité).

Ceux qui me connaissent vraiment, qui ont pris le temps de venir me découvrir malgré mes colères, mes coups de gueule et mes dérives de langage savent que sous mes ombres, ma Lumière jaillis et illumine mes paroles et actes. À ceux que j’ai pu offenser, je m’en excuse, de nouveaux. Croyez-moi ou pas, je travaille à me calmer encore et encore :)

À ceux qui me diront, va plus loin, passe à l’image, à la réalisation à la production pour réduire mes frustrations, je leur réponds, je suis en chemin et je grandis, mais la Lumière reste mon domaine de prédilection.

Pour tout cela, je suis fière d’être considéré comme « un vieux con » à présent.

Que le cœur de haters s’illumine de Lumière et que le Cinéma continue de distraire, amuser, émouvoir Nos Cœurs et nos Êtres.

Julien Brumauld Des Houlières

Chef Électricien

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